Le 27 mai 2021, Rosanne Casimir, la chef de la Première Nation Tk’emlups te Secwépemc, a annoncé dans un communiqué que les sépultures anonymes de 215 enfants du pensionnat autochtone de Kamloops, en Colombie-Britannique, avaient été repérées. C’est « une perte impensable dont on parlait, mais qui n’avait jamais été documentée », commente-elle.
Un mois plus tard, le 24 juin 2021, les recherches entamées sur le site de l’ancien pensionnat de Marieval, en Saskatchewan, ont permis de révéler la présence d’un autre site où 750 tombes sont non-marquées. À Lower Kootenay, (C.-B.), le 30 juin, ce sont 82 sépultures qui ont été repérées. Puis, 160 à Kuper Island (C.-B.), début juillet.
Les recherches se poursuivent, pour les communautés autochtones qui souhaitent réaliser cette démarche. Le choc, la tristesse, le désir de comprendre, débordent largement le cœur des membres des communautés autochtones, traversent le pays entier et sont partagés à l’international.
Ces recherches et celles en cours ravivent les profondes blessures liées aux pensionnats autochtones. Mais elles peuvent aussi être l’occasion de faire la vérité sur le passé, et avancer ensemble sur des chemins de réconciliation et de guérison. C’est dans cet esprit que le cardinal Gérald Cyprien Lacroix a répondu le samedi 19 juin à la lettre que son frère Konrad Sioui lui avait adressée dans Le Soleil une semaine plus tôt. Pour lire cette lettre qui exprime avec justesse la parole de notre pasteur: https://www.lesoleil.com/opinions/point-de-vue/lettre-a-mon-frere-konrad-6dfa98d79bbb085c6543422a85402af1
L’archevêque de Québec continue de se faire présent dans ce contexte douloureux. Le dimanche 27 juin, la messe solennelle de 11hau sanctuaire Sainte-Anne-de-Beaupré a été présidée par le cardinal Lacroix. La célébration a été particulièrement dédiée aux Premières nations, comme chaque année à la Basilique. Voici le lien pour prendre connaissance de son message à cette occasion, et un reportage sur cet événement.
La découverte des sépultures anonymes suscite douleur et incompréhension. Nous avons rassemblé quelques informations permettant de comprendre davantage la situation. Cliquez ici.
Commission Vérité et Réconciliation
De 2007 à 2015 s’est tenue la Commission Vérité et Réconciliation pour faire la lumière sur la question des pensionnats autochtones. De nombreux évêques et communautés religieuses du Canada ont activement participé à cette commission, ont entendu la souffrance des survivantes et survivants et y ont donné suite. Un dossier à consulter ici.
Excuses offertes
Nous reconnaissons les terribles souffrances qui ont eu lieu et condamnons le système, mis en place par le gouvernement fédéral et géré par des communautés religieuses, qui a séparé les enfants, souvent par la force, de leurs parents et a tenté de leur enlever leur langue, leur culture et leur identité.
Il est indéniable que certains enseignants catholiques (prêtres, religieux et religieuses et personnel laïc) chargés de s’occuper des enfants dans les pensionnats ont porté atteinte à la dignité des élèves en les maltraitant, en les négligeant et en les abusant.
Nous reprenons les mots de l’une des premières excuses officielles, présentées par les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée en 1991 :
« Nous nous excusons de l’existence des pensionnats eux-mêmes, parce que nous reconnaissons que l’abus le plus fondamental n’est pas ce qui s’est passé dans les pensionnats mais bien les pensionnats eux-mêmes. […] D’une façon très spéciale, nous désirons présenter nos excuses pour les cas d’abus physique et d’agression sexuelle qui ont eu lieu dans ces institutions. […] Nous ne voulons d’aucune façon tenter de défendre ou de justifier ces cas. »
Depuis 1991, les diocèses et communautés religieuses qui avaient été impliquées dans la gestion des pensionnats fédéraux ont initié un mouvement d’excuses, comme on peut le voir sur cette liste détaillée. Le 24 septembre 2021, les évêques du Canada ont publié des excuses officielles sans équivoque et annoncé en engagement financier de 30 millions de dollarspour soutenir les initiatives de réconciliation et de guérison.
La Conférence des évêques catholiques du Canada a annoncé qu’une rencontre entre une délégation d’Autochtones et le pape allait avoir lieu à Rome du 17 au 20 décembre 2021, pour vivre des moments significatifs de dialogue et de guérison. Cet événement est le fruit d’une conversation avec des personnes et des communautés autochtones, tant au niveau local que national, et bilatéralement avec les organismes nationaux des Premières Nations, des Métis et des Inuits, depuis plus de deux ans maintenant.
Voici quelques textes tirés de l’actualité récente qui permettent d’amener la réflexion un peu plus loin. Nous ne partageons pas chacune des opinions qu’ils contiennent, mais nous sommes ouverts à les entendre, pour faire avancer la réflexion sur l’enjeu douloureux des pensionnats.
Ce mois d’août, plusieurs moyens nous sont proposés pour nourrir notre foi à tous points de vue, avec la Vierge Marie.
Dimanche le 15 août, c’est l’Assomption! Pour préparer nos intelligences et nos cœurs à fêter Marie, la Vivante pour l’éternité, trois rencontres au Montmartre de Québec (1679 Ch. Saint-Louis, Québec). Les 12, 13 et 15 août à 19h30, Thérèse Nadeau-Lacour, docteure en théologie et en philosophie nous aide à l’espérance chrétienne qui jaillit de l’Assomption de la Vierge Marie.
Vous pouvez réécouter l’enseignement de jeudi 12 août, en suivant ce lien:
https://www.youtube.com/watch?v=Uq960lQGwzE
Pour la semaine suivante, dimanche le 22 août, le cardinal Lacroix nous lance cette invitation:
« Il me fait plaisir de vous inviter encore cette année à participer à un pèlerinage au Sanctuaire Notre-Dame d’Etchemin, en bordure du Lac Etchemin, dimanche, le 22 août. Un décor enchanteur, un oasis de paix où nous retrouver pour prier ensemble et fraterniser.
Plusieurs personnes peuvent participer dans la chapelle. Au besoin, d’autres peuvent apporter leurs chaises de parterre pour profiter des magnifiques jardins. »
La grande neuvaine à sainte Anne, patronne du Québec, s’est conclue en beauté le lundi 26 juillet avec la célébration eucharistique de la fête de sainte Anne présidée par le cardinal Gérald C. Lacroix. Pour voir ou revoir cette célébration au Sanctuaire Sainte-Anne-de-Beaupré: https://vimeo.com/579430463
Cette année, Mgr Martin Laliberté, p.m.é., évêque auxiliaire à Québec, a été le prédicateur en français de la traditionnelle neuvaine à sainte Anne, du 17 au 25 juillet 2021, sur le thème : « 𝙈𝙚𝙩𝙨 𝙩𝙖 𝙘𝙤𝙣𝙛𝙞𝙖𝙣𝙘𝙚 𝙙𝙖𝙣𝙨 𝙡𝙚 𝙎𝙚𝙞𝙜𝙣𝙚𝙪𝙧 𝙚𝙣 𝙩𝙤𝙪𝙩 𝙩𝙚𝙢𝙥𝙨 ! » (Proverbes 3, 5)
Les divers rendez-vous quotidiens de la neuvaine et de la fête (messe, prédication, prière à sainte Anne et célébration des malades du 26 juillet) sont disponibles sur la chaîne Vimeo du Sanctuaire: merci à toute l’équipe du Sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré d’avoir rendu possible cet événement encore cette année!
Le service des communications du diocèse de Québec est à la recherche d’un ou une édimestre : le poste est ouvert jusqu’au 6 août 2021.
Nous cherchons un ou une spécialiste de la conception de contenus et de leur diffusion, qui est très familier avec la mission de l’Église. Cette personne assure la recherche, la production, la rédaction, la mise en ligne de contenus sur l’ensemble des outils de communication de l’Église catholique de Québec, en particulier les plates-formes numériques. Un poste stimulant! C’est pour vous?
La Commission spéciale sur l’évolution de la Loi concernant les soins de fin de vie a annoncé la phase 2 de ses travaux. Elle invite la population québécoise à se prononcer sur les enjeux au cœur de son mandat, soit l’élargissement potentiel de l’aide médicale à mourir pour les personnes en situation d’inaptitude (causée par une maladie neurodégénérative de type Alzheimer par exemple) et pour celles dont le seul problème médical est un trouble mental.
Questionnaire, mémoire ou participation aux audiences publiques, vous avez de multiples façons de vous faire entendre d’ici le 24 août. Comme ces consultations n’ont fait l’objet d’aucune couverture médiatique, le réseau citoyen Vivre dans la Dignité invite à les faire connaître et propose des ressources pour y participer via la page internet https://vivredignite.org/2021/06/consultation-ete2021.
Pour accéder à la page thématique de l’Assemblée des évêques du Québec sur les soins en fin de vie Oui aux soins palliatifs accessibles à tous non à l’euthanasie présentée sous le nom d’« aide médicale à mourir » : https://evequescatholiques.quebec/fr/soins-de-fin-de-vie.snc.
Le 21 août 2020, une action collective visant le Diocèse de Québec a été déposée à la Cour supérieure du district de Québec. Le but de cette action est d’obtenir une juste indemnisation pour toute personne victime d’agression sexuelle de la part d’un membre du clergé (évêque, prêtre, diacre), d’un employé ou d’un bénévole sous la responsabilité directe de l’Archevêque catholique romain de Québec entre l’année 1940 et aujourd’hui.
Les autorités du Diocèse de Québec, souhaitant rendre justice aux personnes blessées et contribuer autant que possible à réparer les torts qui auraient pu être causés, ont entrepris des discussions de règlement pour éviter à toutes les parties un lourd processus juridique.
Afin de connaître précisément l’ampleur du nombre de victimes possibles à partir de 1940 jusqu’à ce jour, les autorités diocésaines ont convenu d’obtenir de la Cour supérieure du Québec l’autorisation que soit publié un avis public qui invite toute victime potentielle à se manifester. Le Cardinal Gérald C. Lacroix, archevêque de Québec, a déclaré à ce sujet : « J’invite toutes les personnes qui auraient subi de tels abus à faire connaître leur histoire pour favoriser la recherche d’un règlement ajusté aux faits qui seront établis ».
Pour ce faire, les victimes sont invitées à s’adresser au cabinet d’avocats Arsenault, Dufresne, Wee (www.adwavocats.com) qui représente les membres du recours collectif, par courriel ou par téléphone en utilisant les coordonnées suivantes :
Notre priorité : protéger les personnes mineures ou vulnérables
Les autorités diocésaines prennent au sérieux et condamnent vivement toute forme d’inconduite sexuelle de la part des personnes qui agissent au nom de l’Église catholique de Québec. Au cours des dernières années, des mesures concrètes ont été mises en œuvre pour renforcer la prévention et la formation ainsi que garantir des milieux ecclésiaux sécuritaires, en plus d’assurer l’accueil et l’accompagnement des personnes victimes et survivantes de ces actes intolérables.
Pour prendre connaissance des actions posées par l’Église catholique de Québec afin de protéger les personnes mineures ou vulnérables, ainsi que les coordonnées pour signaler un abus, consulter : www.ecdq.org/proteger-les-personnes-mineures-ou-vulnerables/.
Le 27 juin 2021, le cardinal Gérald Cyprien Lacroix présidait une célébration eucharistique spéciale, à la basilique Sainte-Anne-De-Beaupré. À l’occasion du pèlerinage annuel des Premières nations, l’archevêque de Québec a offert une parole forte de soutien aux Autochtones. Voici le texte des différents messages qu’il a prononcés, lors de l’accueil, de l’homélie et de la conclusion : Celebration_Dimanche_Autochtones_27_juin_2021
Le 26 juillet 2021, c’était la grande fête de sainte Anne. Le cardinal Lacroix qui présidait la messe solennelle a souligné la présence de plusieurs membres des Premières Nations tout au long de la Neuvaine: « …nous aimons venir et revenir ici en ce haut-lieu de prière de rencontre avec le Seigneur pour le rencontrer et nous confier à lui. Nos frères et sœurs des Premières Nations sont un bel exemple en ce sens. Depuis si longtemps ils viennent ici en famille, et encore cette année, on me disait qu’ils ont été fidèles à participer à la Neuvaine. Ils sont venus de la Côte-Nord et d’ailleurs, comme à l’habitude, prier, vivre en communauté et célébrer leur foi. » Un reportage de Radio-Canada a souligné la présence de ces membres des Premières Nations toujours très attachés à sainte Anne.
Nous avons rendez-vous avec saint Joseph, saint patron du Canada, pour souligner l’année qui lui est consacrée par le pape François! Le 1er juillet, un Acte de confiance à saint Joseph a été célébré à la grandeur du Canada. Dans notre diocèse, le cardinal Lacroix a animé en direct sur Facebook un temps de prière, qui est disponible ici.
Q. Je suis bouleversé(e) par les découvertes des tombes anonymes des enfants décédés au sein des pensionnats pour Autochtones. L’Église catholique reconnait-elle ses torts passés?
Nous reconnaissons les terribles souffrances qui ont eu lieu et condamnons le système, mis en place par le gouvernement fédéral et géré par des communautés religieuses, qui a séparé les enfants, souvent par la force, de leurs parents et a tenté de leur enlever leur langue, leur culture et leur identité.
Il est indéniable que certains enseignants catholiques (prêtres, religieux et religieuses et personnel laïc) chargés de s’occuper des enfants dans les pensionnats ont porté atteinte à la dignité des élèves en les maltraitant, en les négligeant et en les abusant.
Q. L’Église catholique présente-t-elle ses excuses?
Nous reprenons les mots de l’une des premières excuses officielles, présentées par les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée en 1991 :
« Nous nous excusons de l’existence des pensionnats eux-mêmes, parce que nous reconnaissons que l’abus le plus fondamental n’est pas ce qui s’est passé dans les pensionnats mais bien les pensionnats eux-mêmes. […] D’une façon très spéciale, nous désirons présenter nos excuses pour les cas d’abus physique et d’agression sexuelle qui ont eu lieu dans ces institutions. […] Nous ne voulons d’aucune façon tenter de défendre ou de justifier ces cas. »
La communauté catholique au Canada n’a pas de structure centrale; depuis 1991, les diocèses et communautés religieuses qui avaient été impliquées dans la gestion des pensionnats fédéraux ont initié un mouvement d’excuses, comme on peut le voir sur cette liste détaillée.
Q. Combien de pensionnats pour Autochtones ont existé? Est-ce qu’ils étaient tous dirigés par l’Église catholique?
Le système fédéral des pensionnats a été mis sur pied vers 1883. On estime que 150 000 enfants âgés de 3 à 16 ans ont été contraints de fréquenter les pensionnats fédéraux exploités au Canada entre 1883 et 1996.
Sur les 139 pensionnats identifiés dans la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens (CRRPI), 46 % (64 écoles) étaient gérés par des entités catholiques ; environ 16 des 70 diocèses catholiques du Canada étaient associés aux anciens pensionnats, en plus d’une trentaine de communautés religieuses catholiques.
Q. Y a-t-il eu des pensionnats autochtones dans le diocèse de Québec?
Au Québec, on a compté 12 pensionnats fédéraux; pour connaître leur emplacement, voici une carte interactive.
Il n’y a pas eu de pensionnat autochtone sur le territoire du diocèse de Québec, mais nous partageons la peine et la honte causées par tout abus commis par des personnes en fonction d’autorité dans l’Église.
Q. Quelles sont les causes du décès des enfants dans les pensionnats?
Les décès dans les pensionnats pour autochtones restent toujours à expliquer avec plus de précision. Environ 150 000 enfants ont fréquenté les pensionnats au Canada. La Commission de vérité et de réconciliation a recensé 3200 décès dans les registres nommés et non nommés des décès confirmés d’élèves des pensionnats. Depuis la publication du rapport de la CVR en 2015, le nombre d’enfants décédés a tout récemment été actualisé à au moins 4100.
Voici un résumé des données disponibles actuellement. Pour un peu moins d’un tiers (32 %) des 3 200 décès identifiés dans le rapport de la CVR, le gouvernement et les écoles n’ont pas enregistré le nom de l’élève décédé. Pour un peu moins d’un quart de ces décès (23%), le gouvernement et les écoles n’ont pas enregistré le sexe de l’élève décédé. Pour un peu moins de la moitié de ces décès (49 %), le gouvernement et les écoles n’ont pas enregistré la cause du décès. Le taux de mortalité des enfants autochtones dans les pensionnats était plus élevé que celui des enfants d’âge scolaire dans la population générale. (CVR volume 4 – Enfants disparus et sépultures non marquées – pages 26-27)
Dans les cas où la cause du décès était déclarée, la tuberculose était la cause dominante de décès, représentant 48,7 % ou 896 des décès survenus dans les pensionnats. Venaient ensuite la grippe et la pneumonie.
Les élèves sous-alimentés et mal nourris étaient particulièrement vulnérables aux maladies telles que la tuberculose et la grippe (notamment l’épidémie de grippe espagnole de 1918-19). En grande partie à cause du sous-financement du système par le gouvernement fédéral, la nourriture était faible en quantité et de mauvaise qualité.
Q. Pourquoi ces sépultures n’étaient-elles pas identifiées?
Le professeur d’anthropologie à l’Université Lakehead de Thunder Bay Scott Hamilton a personnellement documenté activement, pour la CVR, les cimetières liés aux écoles résidentielles. Dans une entrevue au B.C. Catholicau lendemain de l’annonce médiatique, il soulignait qu’il ne s’agit pas de charnier ni de « fosse commune », mais bien de tombes placées les unes à côté des autres, comme dans tous nos cimetières.
Le professeur Hamilton a conclu de ses recherches que les petites croix de bois qui surplombaient probablement les tombes sont disparues avec le temps, faute d’entretien. C’est là un élément particulièrement désolant: comme l’observe le jésuite Raymond de Souza dans le National Post, des corps enterrés qu’on ne peut identifier constituent une atteinte à la dignité humaine.
Le Gouvernement du Canada, à l’origine des pensionnats pour autochtones, voulait que les dépouilles soient enterrées « au coût le plus bas possible ». Selon le rapport de la Commission de vérité et de réconciliation, il était fréquent que les parents ne soient pas informés du décès d’un élève, et les corps des élèves décédés dans les pensionnats étaient rarement renvoyés chez eux, sauf si les parents avaient les moyens de payer le transport. Dans un effort pour limiter les dépenses, le ministère des Affaires indiennes (comme il s’appelait alors) s’opposait à l’envoi des corps des enfants décédés dans leur communauté d’origine.
Q. Quelles ont été les conséquences négatives des pensionnats pour plusieurs Autochtones? Peut-on parler de génocide?
Les conséquences négatives de cette politique ont été largement rapportés dans le cadre de la Commission. Voici un extrait du rapport final : « De nombreux élèves ont des séquelles permanentes des pensionnats indiens. Arrachés à leurs parents, ils ont grandi sans respect et sans affection. Un système scolaire qui ridiculisait et bannissait la culture et les traditions de leur famille a détruit leur estime de soi et leur attachement à leur propre famille. Des enseignants mal formés travaillant avec un programme sans pertinence ont fait en sorte qu’ils se sentent étiquetés comme des « ratés ». Les enfants qui ont été victimes d’intimidation et de violence physique ou sexuelle portent le fardeau de la honte et de la colère pour le reste de leurs jours. » (Commission de vérité et réconciliation du Canada, Ce que nous avons retenu. Les principes de la vérité et de la réconciliation, 2015, p. 105.)
Le système des pensionnats a contribué à un génocide culturel, selon les recherches effectuées par la Commission, comme l’explique l’historien Jacques Rouillard : « Comme on peut le lire dans le Rapport, ‘les écoles sont considérées comme des moteurs de changements culturels et spirituels’ : les ‘sauvages’ deviendront des ‘hommes blancs chrétiens’. Pour ce faire, le gouvernement a décidé d’une méthode radicale, inhumaine : arracher à leur famille contre leur gré les jeunes en âge de scolarisation. »
Le concept de génocide culturel peut être distingué du génocide physique, expose l’historien : « Ces pensionnats dirigés par des communautés religieuses ne sont pas des camps de concentration destinés à commettre des meurtres et à assurer la destruction physique des Autochtones. L’objectif assigné par le gouvernement aux communautés est de faire rapidement de ces jeunes Autochtones des citoyens ayant les mêmes valeurs et identité que les autres jeunes Canadiens. »
Q. Comment les communautés religieuses ont-elles pu s’associer à ce système?
Les communautés qui se sont associées au système des pensionnats autochtones ont présenté des excuses (voir ci-haut), et nous ressentons tous de la honte comme catholiques face aux sévices qui y sont survenus.
Sans minimiser les abus commis, la Commission fait toutefois état d’une réalité nuancée : la plupart des personnes qui œuvraient dans les pensionnats étaient bien intentionnés. Ces gens « ont travaillé pendant des années dans des conditions qui étaient souvent très différentes de celles auxquelles ils étaient habitués, travaillaient pour un salaire très bas et vivaient dans des logements restreints et surpeuplés (…). Ils ont passé leur vie à enseigner, à cuisiner, à faire du ménage, à cultiver la terre et à surveiller les enfants. Ces activités elles-mêmes étaient positives, et non négatives. La plupart des membres du personnel n’étaient pas responsables des politiques qui provoquaient la séparation des enfants de leurs parents et qui faisaient en sorte qu’ils vivaient dans des installations inadéquates et sous-financées. En fait, beaucoup d’employés ont consacré une grande partie de leur temps et de leur énergie à tenter de rendre plus humain ce système dur et souvent destructeur. Si les pensionnats ont donné des résultats positifs, nous les devons à la résilience des enfants eux-mêmes et aux efforts de ces employés. »
Q. Est-ce que l’Église garde des archives cachées en lien avec l’histoire des pensionnats?
La plupart des entités catholiques qui géraient des pensionnats ont commencé à partager leurs dossiers il y a des années. L’accessibilité est assez simple, mais la préservation des archives et la complexité d’y chercher les traces des faits passés sont des enjeux que présente bien cet article.
Notamment, certains documents ont été perdus au fil du temps. Selon une politique du gouvernement fédéral de 1933, les bulletins scolaires pouvaient être détruits après cinq ans et les rapports d’accidents après dix ans. Entre 1936 et 1944, le gouvernement fédéral a détruit 200 000 dossiers des Affaires indiennes (comme le ministère s’appelait alors).
Les dossiers du gouvernement et de ceux qui exploitaient les pensionnats étaient souvent incomplets. Les incendies survenus dans un certain nombre de pensionnats ont également endommagé ou détruit les dossiers historiques à certains endroits.
Q. Est-ce que l’Église offrira une réparation financière pour les personnes blessées par les pensionnats?
Les entités catholiques qui exploitaient des pensionnats faisaient partie de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens (CRRPI) de 2006.
Les quelque 50 entités individuelles qui ont signé la CRRPI ont payé :
i. 29 millions de dollars en espèces (moins les frais juridiques) ;
ii. plus que les 25 millions de dollars requis en contributions « en nature » ; et
iii. 3,7 millions de dollars supplémentaires provenant d’une campagne de « meilleurs efforts » sur un objectif de 25 millions de dollars.
Actuellement, les diocèses de tout le pays sont en discussion pour déterminer la meilleure façon de s’engager dans un effort financier renouvelé pour atteindre l’objectif de la campagne de 25 millions de dollars.
Q. Comme croyant, croyante, que puis-je faire pour contribuer à « faire partie de la solution »?
Chacun et chacune d’entre nous peut garder son coeur ouvert à la souffrance vécue par nos frères et soeurs autochtones, et tisser au quotidien des liens d’amitié avec eux. Marcher avec les communautés autochtones, dans l’écoute mutuelle et l’engagement pour construire un meilleur vivre-ensemble.
Nous pouvons aussi nous informer sur le sujet, partager les ressources pertinentes, et contribuer par nos prises de parole à apporter apaisement et soutien, sans faire rayonner les appels à la haine. Nous pouvons aussi prier, confiants que l’Esprit est agissant ici et maintenant :
Prions
Pour les enfants qui sont décédés dans les pensionnats du Canada et pour tous ceux et celles qui vivent encore aujourd’hui dans la souffrance, afin que la guérison soit fondée sur la vérité et que l’Esprit inspire notre engagement continu vers la réconciliation.
Seigneur, vois notre faiblesse et notre repentir profonds, et continue de purifier et transformer ta famille.
Donne-nous l’humilité d’écouter lorsque d’autres révèlent comment nous avons échoué, et le courage d’aimer les autres comme nous-mêmes, conscients de ton amour pour les plus faibles et les plus vulnérables d’entre nous. Amen.
(Pour la période estivale, nous vous proposerons quelques vidéos tirées du Web qui peuvent nourrir votre réflexion et susciter la discussion dans votre maisonnée).