Voici donc l’homélie du père Gérald Busque, sss, lors de la messe pour la paix sociale et le dialogue sincère de ce lundi 4 juin à l’église St-Sacrement de Québec (en vidéo dès le 5 juin sur notre webtélé ECDQ.tv).

Le Don et le défi de la Paix

Nous vivons depuis quelques mois une crise dans notre société qui suscite beaucoup de tensions et d’inquiétudes. Tous les observateurs reconnaissent que cette crise unique par sa durée et son ampleur met en danger la paix dans notre société. Nous ne pensons aussi ce soir au peuple de la Syrie qui vit une crise beaucoup plus douloureuse…

Nous sommes rassemblés ce soir pour demander ensemble à notre Dieu de nous aider à retrouver dans notre société et dans le monde, la paix et la justice, car l’une ne va pas sans l’autre. Nous sommes réunis autour de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie pour qu’il vienne refaire nos forces, nos énergies spirituelles en vue de travailler à bâtir la paix et à la justice là où nous vivons.

Dans la première lecture que nous avons entendue, l’apôtre saint Pierre nous rappelle que Dieu donne à tous ceux et celles qui se tournent vers lui avec droiture, tous les outils nécessaires pour bâtir une civilisation basée sur la fraternité et l’amour.

Dans l’évangile que nous avons entendue, Jésus proclame bienheureux, les artisans de paix, les témoins de la sagesse de Dieu dans les conflits des hommes. Ces deux Paroles de Dieu sont une nourriture fortifiante pour nous dans cette période de tensions et de confusion que nous traversons comme société : elles nous rappellent que la Paix en nous et dans le monde, est à la fois un Don de Dieu et un défi à relever.

En effet avant d’être un défi à relever, la Paix en nous et dans le monde est un don de Dieu que Jésus nous a acquis et par lequel il nous fait participer au bonheur de Dieu ; elle nous est offerte gratuitement. Il suffit dans un premier temps d’être ouvert pour la demander et la recevoir.

Nous savons tous, d’expérience, que la paix n’habite pas toujours en nous. La violence peut parfois surgir en nous. Elle peut naître d’une gestion mal contrôlée de notre agressivité, de notre peur de l’autre ou des autres, de nos préjugés dévalorisants, de l’emprise de la jalousie, de rivalités ou d’une volonté de se venger. Elle peut naître des injustices subies et conduire à vouloir répondre à la violence par la violence.

Dieu Notre Père, vient sans cesse vers nous en Jésus nous libérer de la violence quand on lui demande : il vient mettre la paix en nous d’abord ; il vient tuer la haine en nous qui est la source de la violence ; il nous rend capable d’accueil et écoute de l’autre, de bienveillance et de respect, de patience et de compassion. Il nous donne la capacité du pardon et de la réconciliation quand la communication est brisée entre nous. Il nous donne la capacité de nous mettre dans la position de notre adversaire pour comprendre son point de vue et réaliser un dialogue sincère, une négociation qui peut conduire à solutionner le conflit.

Cette capacité de bâtir la paix n’est pas hors de notre atteinte. Elle est un don de Dieu et c’est le don que fait Jésus Ressuscité à ceux et celles qui s’ouvrent à sa parole et acceptent d’être ses disciples :  » C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne.  » (Jn 14, 27)

Jésus ne veut nous la donner comme un simple sentiment passager mais il veut l’enraciner en nos cœurs pour que nous goutions au vrai bonheur des Fils et des Filles de Dieu :  » Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu.  » (Mt 5, 9). Il veut faire de nous des artisans de Paix.

Mais une fois habités de la Paix de Dieu, comment être artisans de paix dans notre société ou certains sont tentés de régler les conflits par l’intimidation ou la violence.

Nous savons comment les manifestations de la violence, ces dernières années se sont amplifiées, au point qu’elles se multiplient dans presque toutes les nations. Devant cette situation internationale, comment agir en artisans de paix ?

Le Christ Jésus en mettant sa paix en nous nous pousse aujourd’hui à relever 2 défis :

Il nous pousse d’abord à condamner le plus fermement possible tout acte de violence qui s’attaque délibérément à des victimes innocentes. Nul n’a le droit pour quelque cause que ce soit,, de brimer les droits des autres, ou de provoquer volontairement la mort d’enfants, de jeunes, d’adultes qui ne sont pas directement les protagonistes du conflit. Toute atteinte à l’être humain créé à l’image de Dieu est une offense au Créateur.

Mais il ne suffit pas de condamner. Jésus nous pousse aussi à s’attaquer, de par le monde, à tout ce qui peut contribuer à créer un terreau favorable à la violence. Nous savons que les situations de misère extrême, de déséquilibres économiques, peuvent être génératrices de violence.

Nous le savons : Il ne saurait y avoir de paix sans justice, sans mobilisation pour un ordre international plus juste, sans promotion de relations sociales moins inégalitaires.

Nous savons aussi comment que la violence peut aussi se développer, là où un peuple ou un groupe dans une société se sent humilié, bafoué, enfermé dans une situation sans issue, sans horizon, sans espérance. La désespérance amène souvent à une radicalité dans la lutte. Être artisans de paix à la manière du Christ, nous incite à un combat pour la justice et la promotion de chaque peuple, de chaque groupe dans notre société.

Nous prions ensemble aujourd’hui le Seigneur, Jésus, source de la Paix, pour qu’il nous remplisse tous de sa paix profonde et qu’il fasse de chacun de nous d’heureux artisans de la paix et de la justice. Amen