L’abbé René Tessier, rédacteur en chef de la revue Pastorale-Québec, analyse l’actualité religieuse depuis plusieurs décennies. Quel regard porte-t-il sur la visite papale? Voyez ses commentaires dans cette série de quatre blogues.

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(2e de 2 parties)

La seconde grande partie du pèlerinage pénitentiel du pape François se déroulait à Québec, du mercredi 27 au vendredi 29 juillet. Résidant dans le Vieux-Québec, j’étais à proximité et je pouvais me rendre à pied sur tous les sites, ce qui m’a permis de le vivre pleinement. (Avertissement : ce court texte ne reprend pas tout ce qui a pu se dire et se passer; pour un résumé plus substantiel sans être totalement exhaustif, je vous encourage à lire le prochain Pastorale-Québec.) 

En tout début d’après-midi le 27, il y avait déjà des milliers de personnes sur les Plaines et alentour, par exemple devant le Parlement. L’organisation savait depuis le matin qu’il y avait un retard de plus d’une heure, l’avion des dignitaires invités — et non celui du Pape — n’ayant pas pu décoller à temps. Radio-Canada estimait à 25 000 personnes la foule en fin d’après-midi. Un chiffre inférieur aux attentes ? Pas nécessairement. Ce que j’ai entendu avant et après l’événement, c’est qu’il fallait se préparer sans savoir combien de gens viendraient; d’autant plus que la tournée du Saint-Père en papemobile, pour saluer le public, n’avait été confirmée que quelques jours auparavant. Personne parmi les responsables diocésains n’espérait approcher les 400 000 personnes de la messe à l’Université Laval en 1984. D’aucuns avaient déjà observé qu’on voyait bien mieux à la télé, sans attendre des heures au soleil. Je ne saurais dire si la résurgence de la pandémie a fait peur à certains, mais j’ai pu remarquer des participants bien plus jeunes que ce que nous voyons habituellement dans nos églises.

La messe à la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré a été courue (12 000 personnes, tout de même) mais il manquait 4 000 personnes qui avaient réservé gratuitement leur place. Que faut-il penser des sites de distribution en ligne, trop souvent utilisés pour revendre ensuite les billets ? De plus, nous demandions aux fidèles de se présenter très tôt, entre 3h et 4h le matin, pour monter dans les navettes, car nous voulions ensuite laisser place aux Autochtones qui pouvaient venir de loin. Ajoutons les quelque mille personnes qui suivaient la célébration depuis les Plaines d’Abraham et surtout toutes celles qui ont pu capter la transmission sur leurs écrans à domicile.

Parlons un peu, tout de même, des thèmes abordés : aux racines du mal qui ronge l’humanité avec le péché originel et l’épisode des pèlerins d’Emmaüs (notre marche, à nouveau), entrecoupés du Psaume « Si tu retiens les fautes, Seigneur, qui subsistera? » L’idée de ne pas rester prisonniers de nos (inévitables) constats d’échec mais de bâtir un avenir meilleur, c’était rafraîchissant. Conformément aux habitudes du sanctuaire Sainte-Anne, les traditions autochtones et leurs représentants ont trouvé place dans la célébration.

Le Pape a fait allusion plusieurs fois aux abus sexuels pendant la semaine. Je trouve très judicieux qu’il ait choisi d’en parler le plus explicitement avec le monde religieux, aux Vêpres du jeudi.  Quant à la question un peu complexe de la « doctrine de la découverte », ce sera l’objet de notre prochain — et dernier? — blogue.

René Tessier