Deux prises de position catholiques importantes au sujet du projet de loi 52 sur les « soins de fin de vie » en ce 23 janvier 2014:

1) Assemblée des évêques catholiques du Québec. (Source)

Oui aux soins palliatifs accessibles à tous, mais non à l’euthanasie présentée sous le nom d’« aide médicale à mourir ».

Nos députés seront bientôt appelés, à l’Assemblée nationale, à voter sur le projet de loi 52. Ce projet de loi, s’il était adopté, légaliserait l’euthanasie sous l’appellation d’« aide médicale à mourir ». L’acte de donner la mort serait considéré au Québec comme un « soin » qui pourrait être offert et « administré » aux malades en fin de vie.

Ce projet de loi ne doit pas être adopté.

Donner la mort à un malade, ce n’est pas le soigner. Donner une injection mortelle, ce n’est pas un traitement. L’euthanasie n’est pas un soin.

Nous avons déjà le droit de refuser l’acharnement thérapeutique. Nous avons déjà le droit de ne pas voir notre vie prolongée artificiellement en étant branchés à toutes sortes d’appareils. C’est un acquis: nous n’avons pas besoin d’une nouvelle loi pour l’assurer. Ce dont il est question dans le projet de loi 52, c’est de permettre aux médecins de cau- ser directement la mort. Cela irait à l’encontre des valeurs humaines les plus fondamen- tales et contredirait le but même de la médecine: donner la mort à un patient n’est pas un geste médical.

Ce qu’il nous faut, au Québec, c’est une véritable aide aux mourants, et non l’euthana- sie redéfinie par une loi comme « aide médicale ».

Une véritable aide aux mourants, c’est aider la personne qui arrive à la fin de son exis- tence à vivre avec humanité et dignité cette étape ultime de sa vie. C’est lui fournir tout le soutien possible en employant les meilleurs moyens disponibles pour soulager sa souffrance, en l’entourant d’affection et de tendresse et en l’aidant à faire sereinement les adieux, les réconciliations, les bilans de vie et les détachements nécessaires. C’est aussi, si elle y consent, lui présenter l’amour, la miséricorde et le pardon de Dieu, et lui offrir le réconfort spirituel de la foi et de l’espérance en la vie éternelle. !

Le Comité exécutif de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec, au nom de l’Assemblée

Mgr Pierre-André Fournier, archevêque de Rimouski, président
Mgr André Rivest, évêque de Chicoutimi, vice-président
Mgr Louis Dicaire, évêque auxiliaire à Saint-Jean-Longueuil
M. le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec
Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal
Mgr Gilles Lussier, évêque de Joliette
Mgr Dorylas Moreau, évêque de Rouyn-Noranda
Mgr Yvon-Joseph Moreau, évêque de Sainte-Anne-de-la-Pocatière

b) Conférence religieuse canadienne (Source)

La Conférence religieuse canadienne demande à la ministre déléguée aux Services sociaux et à la Protection de la jeunesse, madame Véronique Hivon de privilégier les soins palliatifs en mettant tout en œuvre dans le système de la santé et des services sociaux pour que les crédits nécessaires soient affectés aux soins des personnes en fin de vie et que tous les efforts soient faits pour que les équipes d’intervenants — personnel médical, travailleurs sociaux et psychologues, intervenants en soins spirituels, etc. — aident ces personnes à tirer le plus grand profit de cette dernière étape de leur vie. L’euthanasie n’est pas une option.

Montréal, le 22 janvier 2014 : Dans une lettre adressée à la ministre déléguée aux Services sociaux et à la Protection de la jeunesse, madame Véronique Hivon, Michel Proulx, o. praem., en tant que président de la Conférence religieuse canadienne (la CRC), qui compte parmi ses membres les supérieures et supérieurs majeurs des communautés religieuses féminines et masculines du Québec, fait part du sentiment de ses membres au sujet du Projet de loi 52 concernant les soins de fin de vie.

Il est apprécié que le Projet de loi « mentionne que la personne en fin de vie doit, en tout temps, être traitée avec compréhension, compassion, courtoisie et équité, dans le respect de sa dignité, de son autonomie, de ses besoins et de sa sécurité ».

Par contre, écrit le président de la CRC, « nos membres ne peuvent plus être d’accord lorsqu’il est question de présenter l’aide médicale à mourir comme faisant partie des « soins » offerts par le personnel soignant». Soigner, spécifie-t-il, «ne peut en aucun cas être confondu avec des actes posés délibérément dans le but de provoquer la mort ». C’est pourquoi, affirme-t-il, « nous ne pouvons pas appuyer ce qu’il convient d’appeler purement et simplement de l’euthanasie ».

Il ne s’agit pas « d’imposer aux personnes qui ne partagent pas notre foi, des valeurs dans lesquelles elles ne se reconnaissent pas », précise-t-il. Toutefois, « nous croyons que la personne humaine affectée d’une maladie dégénérative et/ou s’acheminant vers la mort peut encore croître, aimer, se laisser aimer. De plus, à l’approche de la mort, plusieurs personnes découvrent des chemins de réconciliation avec elles-mêmes et avec leurs proches qu’elles n’avaient pas découverts auparavant. Allons-nous priver nos concitoyens et concitoyennes de ces possibilités de vie très riches pour eux-mêmes et pour leur entourage? »

Il est préférable, conclut Michel Proulx, o. praem., de tout mettre en œuvre pour offrir des soins palliatifs :

« Nous ne saurions trop insister, Madame la Ministre, pour que votre gouvernement mette tout en œuvre dans le système de la santé et des services sociaux pour que les crédits nécessaires soient affectés aux soins des personnes en fin de vie et que tous les efforts soient faits pour que les équipes d’intervenants — personnel médical, travailleurs sociaux et psychologues, intervenants en soins spirituels, etc. — aident ces personnes à tirer le plus grand profit de cette dernière étape de leur vie. La clé de voûte d’une telle approche est bien sûr la possibilité que des soins palliatifs visant à soulager la douleur soient disponibles à la grandeur du Québec. »

La version intégrale de la lettre a été publiée sur le site web de la CRC : www.crc-canada.org