Chers frères et sœurs dans le Christ,

Comme plusieurs autres régions du monde, nous sommes, nous aussi, maintenant touchés par le risque d’une pandémie. Certaines personnes ont déjà été atteintes par la contagion et plusieurs autres se trouvent présentement en isolement ou voient leur vie quotidienne bouleversée.

Depuis longtemps, à l’image du bon Samaritain qui a soigné un blessé sur le bord de la route, l’Église du Christ se tient en première ligne pour guérir, soulager et réconforter les personnes malades et souffrantes. Cet engagement se poursuit sous des formes diverses, car il existe bien des manières d’exercer notre charité fraternelle et notre solidarité humaine.

Nous pensons à toutes les personnes qui sont encore plus seules depuis les derniers jours : les malades dans les centres hospitaliers et les personnes âgées dans les centres d’hébergement ou confinées à la maison. Nous pensons aussi aux parents qui doivent réorganiser leur quotidien, aux personnes privées de travail en raison de la fermeture de lieux publics  ou commerciaux.

Au cours des derniers jours, les évêques de l’Église catholique au Québec ont dû adopter des mesures exceptionnelles, afin de contribuer au combat qui s’est engagé contre la propagation de la maladie. Les mesures que nous avons dû prendre et celles que nous devons envisager chaque jour, au diapason des autorités publiques et en solidarité avec elles, sont des décisions douloureuses. En effet, nous savons qu’elles renforcent l’isolement et accentuent chez des personnes la conscience d’une situation qui suscite de la crainte face au danger potentiel.

Les mesures que nous avons appliquées depuis la semaine dernière nous privent aussi de nos rassemblements chrétiens, si importants pour soutenir notre foi et raviver notre espérance.

En ce temps de Carême, nous vivons ainsi le jeûne des biens spirituels qui nous sont familiers, mais il est important de nous redire que le Seigneur ne nous abandonne pas. Nous pouvons continuer à le prier, à écouter sa Parole, à chanter sa louange et à alimenter notre foi. Plusieurs d’entre nous peuvent exercer la charité fraternelle en joignant les personnes isolées par téléphone, ou par internet, et en leur rendant les services que nous sommes en mesure d’accomplir, comme livrer des biens de première nécessité. Il y a dans cette situation un appel à déployer notre créativité pastorale pour apporter un réconfort spirituel et matériel à nos semblables.

Depuis hier, c’est le récit de la tempête apaisée qui m’a beaucoup parlé. Ce passage figure dans trois des quatre Évangiles. Je retiens ici le récit de Marc 4, 35-41.  Dans ce récit, les disciples voient non seulement que la tempête se déchaîne, mais en plus, ils constatent qu’ils sont seuls face à cette situation, parce que celui à qui ils pourraient s’adresser en cas de danger, celui à qui ils font confiance en toutes circonstances, eh bien il dort … Toute la journée, il s’est occupé de la foule et on imagine son épuisement. Alors il dort, il dort d’un sommeil profond. Il paraît indifférent au sort des disciples ; c’est en tout cas leur sentiment: Maître, nous allons mourir, cela ne te fait donc rien ? lui disent-ils. En apaisant les éléments déchaînés, Jésus veut peut-être simplement leur montrer que la foi est cette confiance fondamentale que tout se terminera bien, quelle que soit la gravité des dangers qui nous menacent. Car, si le Seigneur semble parfois dormir, il est avec nous dans la barque.

En terminant ce message, je vous assure que nous allons rester en contact en nous adressant à vous régulièrement. Je vous invite à vous joindre à moi pour exprimer une prière à Marie notre Mère :

« Ô Marie, tu resplendis toujours sur notre chemin comme signe de salut et d’espérance.

Nous nous confions à toi qui, auprès de la Croix, t’es associée à la souffrance de Jésus, gardant ferme ta foi. Toi, Mère de l’Église, tu sais ce dont nous avons besoin, notamment le retour à la santé des malades.

Nous sommes confiants que tu feras le nécessaire pour que, comme à Cana de Galilée, la joie et la fête puissent revenir après ce temps d’épreuve. »

Aide-nous à faire ce que nous dira Jésus, qui a pris sur lui nos souffrances et s’est chargé de nos douleurs, pour nous conduire à travers la croix jusqu’à la joie de la résurrection. »

AMEN.