En lisant quelques éditoriaux aujourd’hui (Chouinard, Martineau, Mongrain), on peut constater que le débat sur la possibilité d’une nouvelle législation portant sur l’euthanasie et le suicide assisté ne fait que commencer.

Après le controversé rapport de la Société royale canadienne publié mardi sur le sujet (partial selon plusieurs), nous attendons avec impatience les fruits du travail de la commission québécoise Mourir dans la dignité.

Alors que de nombreuses voix semblent exprimer que la question d’une légalisation de l’euthanasie et du suicide assistée fait l’objet d’un consensus grandissant, l’organisme Vivre dans la dignité a publié hier un communiqué offrant une perspective différente :

MONTRÉAL, le 16 nov. 2011 /CNW Telbec/ – Les Québécois et Québécoises ont clairement dit au gouvernement provincial de respecter les lois en vigueur interdisant l’euthanasie et le suicide assisté. Ils veulent qu’on accorde la priorité au développement de soins palliatifs de qualité, accessibles à tous ceux qui en ont besoin. C’est ce que révèle clairement une analyse indépendante exhaustive des mémoires soumis à la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité (CSQMD) et des présentations faites pendant les auditions publiques de cette commission.

« Les chiffres sont clairs. Parmi les mémoires et présentations, 99 % considèrent que les soins palliatifs constituent le choix digne pour les Québécois en fin de vie. De plus, 60 % sont totalement opposés à l’euthanasie et au suicide assisté. La direction que doit prendre un gouvernement démocratique est évidente – les citoyens la lui ont clairement indiquée durant les consultations », soutient Linda Couture, directrice de l’organisme citoyen non partisan Vivre dans la Dignité (VDD).

Linda Couture indique que VDD a mené une analyse indépendante exhaustive des quelque 427 mémoires et présentations orales à la CSQMD qui montre qu’à peine deux pour cent des participants sont pour le suicide assisté. Quatre pour cent de toutes les soumissions contenaient des prises de position incohérentes ou confuses. « Seulement un tiers (34 %) des personnes qui ont participé aux auditions étaient favorables ou plutôt favorables à l’euthanasie », précise Linda Couture, qui ajoute : « Ces chiffres contredisent les statistiques gonflées fréquemment citées dans les médias par les promoteurs de l’euthanasie et du suicide assisté. »

Une analyse plus poussée des mémoires et présentations favorables à l’euthanasie fait ressortir la grande confusion qui existe chez les Québécois entre l’euthanasie (c’est-à-dire l’acte de provoquer volontairement la mort d’une personne par compassion — un acte interdit par le Code criminel canadien) et l’arrêt d’un traitement devenu futile (un geste universellement reconnu comme conforme à l’éthique).

« Plusieurs de ceux qui croient être en faveur de l’euthanasie s’opposent plutôt à l’acharnement thérapeutique, c’est-à-dire qu’ils s’opposent à des traitements disproportionnés ayant pour but de prolonger la vie d’une personne malade en fin de vie, sans espoir réel d’améliorer son état », affirme le Dr André Bourque, président de VDD. « Mais la loi fait déjà une distinction très claire entre euthanasie et arrêt de traitement. Les soins palliatifs rejettent l’acharnement thérapeutique et visent à offrir le maximum pour le confort du patient en fin de vie. Il faudra donc entreprendre une vaste campagne d’information pour sortir de la confusion afin que la population comprenne mieux ses droits ».

Le Dr Bourque affirme que les résultats des auditions publiques indiquent clairement la direction que doivent préconiser les membres de la commission. « La consultation n’a pas été décidée par un groupe d’activistes. C’est une initiative de l’Assemblée Nationale elle-même. Les Québécois ont parlé. À l’unanimité on réclame un large accès à des soins palliatifs de qualité, et une forte majorité dit NON à l’euthanasie. « Les députés doivent mettre de côté leurs préférences idéologiques, être à l’écoute des citoyens et prendre leurs responsabilités, » dit le Dr Bourque.

Linda Couture observe que puisque le déploiement et l’accessibilité des soins palliatifs font largement l’unanimité, il est crucial que les membres de la CSQMD fassent la promotion de la solidarité entre citoyens. Ils doivent miser sur ce qui unit les Québécois plutôt que sur ce qui les divise, et ne pas creuser de fossé entre la majorité qui rejette l’euthanasie et le suicide assisté et une minorité qui les réclame.

Les membres de la commission sont fiers, à juste titre, du taux record de participation au processus de consultation publique qui vient d’avoir lieu. Comme en si grand nombre les Québécois ont pris la peine d’écrire des mémoires ou de faire des présentations à la CSQMD, les députés et représentants des citoyens doivent respecter leurs désirs et aspirations.

« En honorant les voix de ceux qui ont participé aux auditions publiques, les membres de la commission peuvent maintenant produire un rapport final dont les recommandations rassembleront les citoyens du Québec et favoriseront la solidarité sociale sur un sujet aussi délicat, complexe et chargé d’émotions que la fin de vie. Donnons vie à ce qui nous unit tous! » conclut le Dr Patrick Vinay, médecin en soins palliatifs et vice-président de VDD.

Pour accéder aux résultats d’analyse des auditions publiques, veuillez consulter le site www.vivredignite.com/info_media.html. For English www.vivredignite.com/en/info_media.html

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Pensez-vous que nous assistions à une marche inexorable vers la décriminalisation de l’euthanasie et du suicide assistée au Canada? Quelles sont vos pistes d’espérance pour éviter ce qui est perçu par certains analystes comme une fatalité pour tous les pays occidentaux?