Crédit: Photo du Théâtre Périscope, Suzane O’Neil.

Jean Gagnon, animateur diocésain de pastorale, formation à la vie chrétienne, est allé assister à la pièce de théâtre « Le baptême de la petite » jouée au théâtre Périscope à Québec jusqu’au 10 novembre 2018. Voici sa réflexion que nous vous partageons:

Je suis allé voir cette pièce de théâtre, une comédie de l’auteure québécoise Isabelle Hubert. La pièce raconte une soirée entre Antoine et Maude, et la sœur d’Antoine, Marie-Ève, et son conjoint Rémi. La pièce débute avec Antoine qui résume sa vie jusqu’à maintenant, incluant son infertilité qui a mené le couple à adopter une petite chinoise. Il y a un enjeu de fécondité. Marie-Ève et Rémi s’amènent pour souper. Cette mère de trois enfants, vient présenter son nouveau conjoint qui s’avère être l’ex-conjoint de Maude. Il y a un enjeu de relations fraternelles et amoureuses. Puis vient la question du baptême de la petite. Marie-Ève voudrait être marraine. Mais Maude affiche un anticléricalisme qui exclut un éventuel baptême. Nous sommes exposés à un enjeu de traditions qui se mêlent à ce détachement progressif de l’Église par une majorité de Québécois et Québécoises depuis une cinquantaine d’années.

De prime abord, il serait facile de dire que la pièce véhicule certains clichés bien connus. En y regardant de plus près, on se rend compte qu’en fait, la pièce traite de sujets fondamentaux qui concernent tout l’être humain. Au premier plan, le difficile jeu des relations entre les personnes qui vacillent entre vérité et paraître. Vient ensuite le rapport de la tradition à la modernité actuelle qui souvent n’hésite pas à discréditer ce qui est passé du fait qu’il serait maintenant sans pertinence. Ce rapport de la tradition à la modernité s’exprime par une opposition entre Manon qui, toute anticléricale qu’elle soit, n’appuie sa position que sur le seul argument de l’Église catholique qui refuse l’accès des femmes à la prêtrise. Quant à Marie- Ève, le baptême revêt comme seule importance qu’il s’inscrit dans le « on a toujours fait ça », occultant du même coup tout le sens chrétien du baptême qui propose une reconnaissance et une acceptation de l’Alliance que Dieu veut faire avec chaque humain par son Fils Jésus.

La mise en scène est habile et présente bien l’importance et le sens que la religion peut donner aux événements de la vie humaine, même dénudée de toute notion de foi. C’est ainsi que diverses situations de la pièce sont rattachées à chaque sacrement de l’Église, exception faite de l’ordination. De plus, un parallèle est fait entre la vie des personnages de la pièce et la parabole du père (ou fils) prodigue (Lc 15, 11-31). Pour ma part, j’ai reconnu cette Parole de Dieu qui offre des parallèles avec la vie humaine, même dans le cas de personnages théâtraux. L’utilisation judicieuse des sacrements comme concordances avec diverses scènes de la pièce, démontre bien la pertinence anthropologique de la religion pour signifier les passages de la vie humaine. Ajoutez Dieu dans l’équation, comme partie prenante de cette vie et de ces sacrements et vous voilà des êtres religieux.

Ce fut un moment fort divertissant. Si la pièce ne propose pas de clés de lecture suffisantes pour qui n’est pas familier aux sacrements ou à la lecture biblique, cela ne mérite pas que nous boudions notre plaisir. L’auteur propose un divertissement et non pas une prestation théologique. Cette pièce m’a rappelé toute l’importance qu’il y a de dire et redire que le baptême offre plus qu’une simple soumission à une tradition. Il offre un sens qui n’attend que l’on s’ouvre à lui. La pièce m’a aussi permis de renforcer ma conviction que la religion chrétienne porte une grande pertinence pour répondre aux divers enjeux relationnels des humains qui peuvent s’épanouir davantage par une relation à Dieu. Ça pourrait ressembler à quelque chose comme : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » (Jn 13, 34)

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Nous vous proposons aussi deux vidéos ECDQ.tv pour approfondir le baptême: