Repubblica

Une autre entrevue du pape François fait beaucoup parlé depuis son dévoilement hier par le quotidien italien La Repubblica. Elle est maintenant traduite en français.

Voici quelques extraits sélectionnés par l’excellent site Web Aleteia:

  • la priorité pastorale de l’Eglise: « Les maux les plus graves qui affligent le monde au cours des dernières années sont le chômage des jeunes et la solitude dans laquelle sont laissées les personnes âgées. Les personnes âgées ont besoin de soins et de compagnie ; les jeunes, de travail et d’espoir, mais ils n’ont ni l’un ni l’autre, et le problème est qu’ils ne les recherchent même plus. Ils ont été écrasés par le présent. »
  • « Dîtes-moi: peut-on vivre écrasés sous le poids du présent? Sans mémoire du passé, sans le désir de se projeter dans l’avenir en construisant un projet, un futur, une famille? Vous pouvez continuer comme ça? C’est pour moi le problème le plus urgent auquel l’Eglise doit faire face ».
  • Le jugement sur le rôle de la ‘cour’, la “lèpre de la papauté”. Fait-il allusion à la Curie ? « Non. Il y a parfois à la Curie des courtisans, mais la Curie, dans son ensemble, c’est autre chose. Elle est ce qu’on appelle dans l’armée l’intendance, elle gère les différents services du Saint-Siège. Mais la Curie a un défaut: elle est « vaticanocentrique », centrée sur le Vatican. Elle voit et s’occupe des intérêts du Vatican, qui sont encore, en grande partie, des intérêts temporels. Cette vision néglige le monde qui nous entoure. »
  • « Je ne partage pas cette vision et ferai tout pour la modifier. L’Eglise est ou doit redevenir une communauté du peuple de Dieu et les prêtres, les curés, les évêques qui ont charge d’âmes, sont au service du peuple de Dieu. C’est cela l’Eglise, un mot différent, et ce n’est pas par hasard, du terme « Saint-Siège », qui a une fonction importante, mais qui est au service de l’Eglise. Je n’aurais pu avoir une foi totale en Dieu et en son Fils si je n’avais pas été formé dans l’Eglise. Et j’ai eu la chance de me trouver, en Argentine, dans une communauté sans laquelle je n’aurai pas pris conscience de moi-même et de ma foi »
  • Sur le communisme: « Son matérialisme n’a eu aucune prise sur moi. Mais le connaître à travers une personne courageuse et honnête m’a été utile, j’ai compris certaines choses, un aspect du social, que j’ai retrouvé ensuite dans la doctrine sociale de l’Eglise ».
  • Contre le cléricalisme: « Cela m’arrive aussi à moi de l’être, mais lorsque je me trouve devant une personne cléricale, je deviens d’un coup anticlérical. Le cléricalisme ne devrait rien avoir en commun avec le christianisme. Saint Paul qui fut le premier à parler aux Gentils, aux païens, aux croyants d’autres religions, fut le premier à nous enseigner cela ».
  • A propos de la théologie de la libération: « C’est certain que leur théologie avait des développements politiques, mais beaucoup d’entre eux étaient croyants et avaient une conception élevée de l’humanité ».
  • Les mystiques, levain du christianisme: « Une religion sans mystiques est une philosophie »
  • L’expérience mystique du pape François: «Lorsque le Conclave m’a élu Pape. Avant d’accepter, j’ai demandé à me retirer quelques minutes dans la pièce contigüe à celle avec le balcon sur la place. Ma tête était complètement vide et j’étais en proie à une grande angoisse. Pour la faire passer et me détendre, j’ai fermé les yeux et toute pensée a disparu, même celle de refuser la charge, comme d’ailleurs l’autorise la procédure liturgique. J’ai fermé les yeux et toute angoisse et émotion ont disparu. A un certain moment, une grande lumière m’a envahi, elle n’a duré qu’un instant, mais qui, à moi, m’a semblé très long. Puis la lumière s’est dissipée, je me suis levé d’un bond et me suis dirigé vers la pièce où m’attendaient les cardinaux et la table sur laquelle était posé l’acte d’acceptation. Je l’ai signé, le cardinal camerlingue l’a contresigné, et ensuite sur le balcon il y a eu l’“Habemus Papam »
  • A propos de saint François d’Assise : « Il est très grand parce qu’il est tout. Un homme qui veut faire, construire, fonde un Ordre et ses règle, est itinérant et missionnaire, poète et prophète, mystique, qui a constaté sur lui-même le mal et en est sorti, aime la nature, les animaux, l’herbe du pré et les animaux qui volent dans le ciel, mais surtout aime les personnes, les enfants, les vieillards, les femmes. Il est l’exemple le plus lumineux de cet ‘agape’ que nous évoquions plus haut»
  • La mission de l’Eglise, une minorité qui devient témoin : « Nous l’avons toujours été, mais la question aujourd’hui n’est pas là. Personnellement, je pense qu’être une minorité est en fait une force. Nous devons être un levain de vie et d’amour et le levain est une quantité infiniment plus petite que la masse de fruits, de fleurs et d’arbres qui sont nés de ce levain. Il me semble avoir déjà dit que notre but n’est pas de faire du prosélytisme, mais d’être à l’écoute des besoins, des désirs et des déceptions, du désespoir, de l’espoir. Nous devons redonner espoir aux jeunes, aider les personnes âgées, ouvrir sur l’avenir, répandre l’amour. Des pauvres parmi les pauvres. Nous devons inclure les exclus et prêcher la paix. Le Concile Vatican II, inspiré du pape Jean et de Paul VI, a décidé de regarder vers l’avenir avec un esprit moderne et d’ouvrir à la modernité. Les pères conciliaires savaient bien qu’ouvrir à la modernité signifiait œcuménisme religieux et dialogue avec les non croyants. Depuis il a été très peu fait dans cette direction. J’ai l’humilité et l’ambition de vouloir le faire ».
  • Le libéralisme sauvage, mal de la modernité : «Personnellement je pense que ledit libéralisme sauvage ne fait que rendre les forts plus forts, les faibles plus faibles et les exclus plus exclus. Il faut une grande liberté, aucune discrimination, pas de démagogie et beaucoup d’amour. Et aussi des règles de comportement, voire le cas échéant des interventions directes de l’Etat pour corriger les inégalités les plus intolérables