De la recherche d’un nouveau monde
Dès le 15e siècle, bon nombre de monarques européens commencent à vouloir étendre leurs empires vers des contrées réputées être riches en or, en épices, en tissus, etc. Mandatés pour découvrir une route qui mène à ces richesses – la Route des Indes – de nombreux explorateurs vont mettre les voiles en partance du Portugal, de l’Italie, de l’Espagne, de l’Angleterre, de la France, … Au gré des vents, ne sachant trop si la terre est plate ou ronde, des équipages partent sur de frêles navires avec à leur tête des aventuriers au nom évocateur : Christophe Colomb, Jean Cabot, Amerigo Vespucci, etc. Au coeur de cette expansion, en 1534, le français Jacques Cartier va prendre possession d’un territoire nouveau, au nom du roi. Cette terre de montagnes, de forêts et de lacs; cette terre, habitée par des peuples autochtones aux riches traditions, va plus tard devenir la Nouvelle-France, le Québec, le Canada.
À la naissance d’une Église
Des prêtres avaient déjà accompagné les navigateurs à l’époque des découvertes, mais c’est à l’aube du 17e siècle que l’Église va naître en ce pays, à la faveur de l’éveil missionnaire de la France et de l’établissement, par ses explorateurs, d’une colonie permanente en Amérique. Après deux tentatives infructueuses d’évangélisation en Acadie, c’est dans la petite colonie de Québec, fondée en 1608 par Samuel de Champlain, que s’établit de façon durable la mission de la Nouvelle-France. Dans les faits, la première phase d’implantation de l’Église en Nouvelle-France remonte à 1615 alors que les Récollets, suivis dix ans plus tard des Jésuites, s’établissent en permanence dans la ville de Québec. Au milieu de la population autochtone, quelques milliers de « blancs » y vivent alors de chasse, de cueillette, de pêche et d’une exploitation agricole timide. Les missionnaires jésuites et franciscains, envoyés par leurs communautés françaises, parcourent ce territoire, bâtissent d’humbles églises, soutiennent une population à la vie dure et simple. Il n’y a pas d’évêque à Québec. Les quelques « oeuvres sociales » voient le jour grâce à la générosité de chrétiens et de chrétiennes tout entier donnés à cette tâche. Parmi ces figures religieuses de premier plan, Mère Marie de l’Incarnation s’illustre par son rayonnement et la fondation d’une institution destinée à l’éducation des jeunes filles tandis que soeur Catherine de St-Augustin brille par son dévouement dans le milieu hospitalier. En 1658, le pape Alexandre VII érige la Nouvelle-France en vicariat apostolique et y nomme François de Laval comme vicaire apostolique. Il s’agit là d’une reconnaissance officielle qui aura des retombées considérables compte tenu de la personnalité de Mgr de Laval et des défis importants qui vont se présenter à lui.
Une Église qui s’organise
Quand François de Laval débarque à Québec, la « ville » compte moins de 2000 habitants. La pauvreté est assez généralisée et les guerres avec les colonies anglaises n’améliorent pas la situation. Apparemment, Église et Pouvoir civil s’entendent bien, mais en fait, il y a des tensions assez régulièrement autour de problèmes comme la vente de l’alcool et la traite des fourrures. Les oeuvres sociales continuent de se multiplier grâce au dévouement de femmes et d’hommes profondément croyants. En 1674, Québec est élevé au rang de diocèse et Mgr de Laval devient premier évêque de la Nouvelle-France. Très tôt, il réunit une communauté de prêtres solidairement responsables de l’éducation et du ministère paroissial, c’est le Séminaire de Québec. Ses successeurs augmenteront progressivement le nombre de paroisses et essaieront d’assurer une éducation de la foi des baptisés. Progressant au rythme des explorations, le territoire du diocèse de Québec s’étend rapidement. En 1712, point culminant de son rayonnement, il couvre tout le continent américain jusqu’au Golfe du Mexique; seules les colonies britanniques qui deviendront plus tard les États-Unis et la colonie espagnole qu’est la Floride ne sont pas sous l’autorité religieuse de l’évêque de Québec.
Une Église engagée dans la lutte pour la survie
La guerre a ruiné l’économie de la Nouvelle-France et il faut rebâtir et panser les blessures. Le pouvoir politique du vainqueur anglais est parfois bienveillant, mais souvent hostile envers l’Église catholique parce qu’elle représente un lieu d’identité de prise de responsabilité pour les habitants francophones qui veulent maintenir leur existence comme peuple. L’Église acquiert alors une importance centrale dans la vie quotidienne. Vers 1840, les dirigeants politiques reconnaissent à l’Église une existence officielle et stable. Le diocèse de Québec, qui couvrait encore tout le Canada actuel, donne naissance à de nouveaux diocèses au fur et à mesure que la population augmente. Aujourd’hui, les besoins ont entraîné, sur cette même vaste étendue de pays, la création de plus de 150 diocèses.